Minoritaire

14ème 49.3 : pour imposer un budget de l’État sans passer par le vote des députés, Élisabeth Borne a encore dégainé le 49.3 mercredi 25 octobre. Le 14ème en un peu plus d’un an. Le Parlement n’a plus aucune utilité puisque Macron dirige sans le pouvoir législatif. Avec 14 usages de 49.3 depuis 2022, Macron bat tous les records de la Cinquième République. Le prétendu «arc républicain» est en fait le moins «républicain» qui soit puisqu’il a aboli tous les contre-pouvoirs institutionnels de la République. «De toute façon, tout le monde est contre. Ce serait inutile de laisser même quelques jours de débats…» assume un député Macroniste. En clair : on est minoritaire, tout le monde est contre nos projets, autant dissoudre directement la démocratie. Autoritaire

Entre deux 49.3, Élisabeth Borne s’est débarrassée du Président du Conseil d’orientation des retraites. Cette institution, pourtant sous contrôle du gouvernement, rend des rapports détaillés sur le budget des retraites. Et son président, Pierre-Louis Bras, avait corrigé quelques gros mensonges du gouvernement pour faire passer la très contestée réforme des retraites. Notamment les chiffres inventés du «déficit» budgétaire qui auraient justifié un recul de l’âge de départ en retraite. Cette critique, même timide et purement technique, lui aura coûté son poste. Quiconque s’oppose à la parole du monarque est liquidé. Liberticide

Dans la foulée, Élisabeth Borne annonçait le 26 octobre une série de mesures liberticides et scandaleuses après la révolte des banlieues de cet été contre les violences policières. Parmi les mesures de ce plan dit «anti-émeute» : forcer les familles à payer les dégâts dont serait soupçonné leur enfant, voire même leur infliger des peines de «travaux d’intérêt général». Ce qui est contraire aux droits les plus élémentaires : nul ne peut être considéré comme responsable des actes d’autrui. Sinon, c’est une punition collective. Borne a aussi annoncé des amendes énormes de 750€ en cas de non respect du «couvre-feu». Le couvre-feu est déjà une mesure scandaleuse utilisée en temps de guerre et désormais appliquée en cas d’émeute. Il s’agit de réprimer encore plus ceux qui désobéiraient. On imagine aussi l’usage de cette mesure en cas de nouveaux couvre-feux sanitaires, sécuritaires ou autre… Corrompu

Darmanin veut aussi permettre aux policiers de «pouvoir saisir l’argent liquide que [le consommateur] a sur lui ou l’équipement qu’il a et qui pourrait permettre de payer» les amendes pour usage de stupéfiants. En clair, autoriser les policiers à racketter une personne contrôlée, sans aucune traçabilité. Enfin, Borne dit que «dans certains cas nous pouvons envisager un encadrement de jeunes délinquants par des militaires, qui pourront notamment transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi.» Donc mettre les mineurs dans des camp de redressements tenus par l’armée. Tout cela est un copier-coller du programme de l’extrême droite. Violent

La distance de tir des LBD réduite. C’est ce que révèle Mediapart ce vendredi 27 octobre : «dans ses instructions, le ministère de l’intérieur a abaissé la distance réglementaire. Une décision que la gendarmerie conseille de ne pas suivre.» Mediapart a cherché à savoir quelle était la distance minimum de sécurité que les policiers doivent respecter lorsqu’ils tirent au LBD et ont découvert que «cette distance réglementaire a tout simplement été supprimée des récentes instructions, remplacée par une distance dite ”opérationnelle” correspondant à celle du fabricant de munitions». Jusqu’ici, un policier devait respecter une distance minimum de 10 mètres, ce qui est déjà très faible car à cette distance, une balle en caoutchouc de 40mm qui part à 73 mètres par seconde peut tuer en cas de tir dans la tête ou au niveau du cœur. Selon les informations collectées par Mediapart, «elle est désormais passée à 3 mètres». Une distance extrêmement basse et évidemment potentiellement létale.